26/05/2010

Le combat continue

Il est des combats qu'on ne peut eviter. Souvent perdus d'avance ils ont plusieurs visages, prennent les traits de n'importe qui... En ce qui La concerne, Elle est implaccable, et rien ne nous avait prepare a une telle confrontation.

Apres les quelques jours apaisants passes dans le cadre feerique du site d'Hampi, nous reprimes la route pour Mysore. 2 jours plus tard, et nous avions vu tout ce qui nous semblait digne d'interet : le Mysore Palace, la colline de Chamundi avec son colossal Nandi (taureau, monture de Shiva - l'un des plus grand d'Inde). La ville, bien que charmante, n'avait su nous retenir et l'appel de la route semblait plus attrayant. Direction (toujours plus au sud) Ooty, station climatique. C'est peut etre ici, qu'Elle s'est manifestee a nous pour la premiere fois. Une sorte d'avertissement, sous les traits de centaines d'Indiens venus pour les vacances scolaires, que nous n'eumes la presence d'esprit d'interpreter. Outre le bon chocolat local et une petite promenade, le fait marquant de cette etape fut le mariage auquel nous fumes invites. Pas vraiment un mariage d'ailleurs, plutot un enterrement de vie de jeune fille. Tres chaleureuse, la famille toute entiere nous fit boire, manger et danser. Quand je repense a ce moment, je me dis que nous etions bien insouciants a rire, a danser et a chanter en leur compagnie. Mais encore une fois, nous ne pouvions predire qu'Elle s'en prendrait a nous...

C'est d'ailleurs peut etre a cause d'Elle que nous nous retrouvames un matin pluvieux a Varkala. Rien ne nous destinait a faire etape dans cette ville cotiere. Un sombre probleme de station fantome aux alentours de Kochi (Cochin), et nous voila les pieds dans l'eau, les sacs sur le dos et une pluie fine sur la peau. De la a dire qu'Elle aurait reussi a nous faire changer de route... (Elle en serait fort capable, il ne faut surtout pas la sous-estimer).
Pour nous, toujours aussi negligents, une seule solution : prendre un train pour Kochi, notre objectif d'origine. Ce retour nous fit approcher la beaute des fameuses "backwater" de la region.

Nous penetrames dans Fort-Kochi de nuit. La 10aine de kilometre parcourue en bus local (bonde) depuis la gare ferroviaire avait eu raison de nos corps, mais n'avait en rien entache notre moral. Le calme apaisant des rues de Fort-Kochi apprecie, nous nous mimes a la recherche d'un gite. Les premieres propositions passees (les rabateurs ne sont rien compares au fleau qu'Elle represente), nous rencontrames un petit vieux avec sont velo pliable qui nous inspira confiance. Son tarif etant relativement proche de notre visee, nous decidames de le suivre et de statuer sur place. C'est peut etre ici, dans une de ces ruelle etroite, que je ressentis sa presence pour la premiere fois. Le temps que je me retourne et la sensation avait disparue. Peut-etre n'etait-ce qu'un simple coup de vent ?

Au lendemain de notre arrivee, traditionnel tour de visites : la synagogue, le palais royal... C'est ici, a la sortie d'un thaly (repas a volonte / 26 roupies), qu'Elle a du nous attendre, nous suivre jusqu'a notre quartier, et guetter, juste la, dans l'ombre d'un cocotier. Mais une fois de plus, nous passames a cote de ce qui aura ete l'un des dernier signe qu'Elle nous adressa, preferant sombrer dans une lecture / sieste sous le ventilo. Le soir meme, nous vimes une representation de Katakali, danse traditionnelle indienne surprenante par l'utilisation de la gestuelle (celle du visage est tout bonnement remarquable).

Le lendemain, avec notre depart pour l'aeroport (nous avions pris la decision de remonter sur Dehli en avion pour gagner du temps), Elle n'eut pas le temps de nous sauter dessus. Ce fut de justesse donc que nous l'evitames ainsi pendant quasi une semaine. Sans cesse entraines par la route, nous manquames de lucidite et ne sumes deceler ses signes avant-courreurs.

Elle porta son premier coup a Dehli. Au beau milieu de la nuit. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'Elle nous suivait, et peut-etre nous etions-nous habitues a sa presence. Quoi qu'il en soit, en plein sommeil, nous fumes pris par son etreintre. Impossible de rester en place : telles deux ames en peine, nous nous mimes errer dans les ruelles de la capitale a 4h30. Elle nous avait frappe avecune telle soudainete, Elle avait beau se cacher derriere de mutiples visages, Elle ne pouvait echapper a son nom : la CHALEUR.
Le jour meme, apres une petite visite de Dehli (nous devons en garder sous le coude pour plus tard), depart pour Agra (Taj Mahal). 3h de train et nous y voila. En plein dedans. Elle prend differente forme selon le moment de la journee, mais toujours Elle t'accompagne.

Cela commence dans les transports. Dans le train, son air chaud en arrive a irriter les yeux si bien qu'il faut les fermer. Dans le bus, les locaux demandent rapidement a ce que les fenetres soient fermees (et ce malgre la chaleur!) pour eviter a leurs visages de se faire fouetter par d'insoutenables bourrasques de vent brulantes. Pour vous decrire la sensation : ca pourrait faire penser a un coiffeur negligent qui aurait oublie de verifier la temperature de son seche-cheveux et qui tenterait de secher ton visage avec...

Par moment, l'air est si chaud que le simple fait d'ouvrir la bouche la desseche, precipitant l'esprit dans la tourmente d'une torture sans fin : la soif. La chaleur pese aussi sur les epaules. Surtout en milieu d'apres midi, en pleine marche. Le seul refuge que l'on puisse envisager est un coin d'ombre. Et ce soulagement n'est en general que de courte duree : l'absence de lumiere directe nous rappelle la chaleur brulante animant le vent...

Pour visiter la magnifique mosquee de la cite de Jasepur Sikri, dechaussement obligatoire. C'est a ce moment que tu te rends compte de la chaleur du sol. Impossible de rester statique plus de 30 secondes. Il faut sautiller jusqu'au prochain coin d'ombre pour y soulager ses plantes de pied, ou emprunter les tapis imbibes d'eau mis a la disposition des touristes.

Pour lutter, un seul remede : l'EAU. Notre consommation atteint des sommets : jusqu'a 6 bouteilles (1l) par jour pour 2. Un record jamais egale jusqu'ici. En ce moment, nos chambres se remplissent a vue d'oeil de bouteilles de plastique vides, qui nous ne pouvons que rarement re-utiliser (faute d'installations correctes). On developpe a ce stade une sorte de passion pour les boissons : les sodas sont trop sucres, ils n'etanchent pas la soif, l'eau gazeuse a ses atouts, mais elle est chere, les jus de fruits sont pleins de sucre, mais rassasient rarement nos besoins. On se rend alors compte de la puissance de l'eau. De l'eau, fraiche ou non, se degage une sensation d'hydratation complete que peu de brevages egalent. Un petit coup de coeur tout de meme pour ce Lemon Soda Water (Perrier Citron), dont nous raffolons.

Et les indiens dans tout ca ? Que font-ils ? Ils nous vendent des boissons pardi! S'il est vrai qu'on peut en apercevoir siester derriere leurs etales de boissons et autres confiseries, il faut bien admettre que la majorite d'entre eux n'hesite pas a braver la chaleur. Coiffes de bouts de tissus humidifies, ils s'en vont sur les routes, travaillent dans les champs, arranguent les touristes...etc. Bref, ils continuent leur vie, comme si de rien n'etait. On croit cependant parfois sentir dans la langueur de leurs mouvement, un sentiment de resignation ultime ; comme s'ils savaient qu'ils ne gagneraient pas ce combat, qu'il faudrait subir pour survivre. C'est un peu ce que nous tentons de faire en ces temps si arrides.

Mais bon, ne vous inquietez pas, on en profite quand meme !

PS : au moment ou ces lignes ont ete ecrites, la temperature exterieure s'elevait a 48 degres. Certains parlent meme de 50 ! Je n'ose le concevoir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

On peut souligner l'écriture soignée qui révèle le frais d'un cyber-café, où, bien installés, peut-être même le visage au vent du ventilateur, vous avez vu votre vie et observé votre survie volant au fil de l'eau, suspendue à un fil, comme celle de ces indiens ayant vécu cet enfer.
Ce que vous avez pu nous conter, relève ici d'une tranche de vie, dans un pays étranger, c'est l'histoire loin d'ici...

Adri

Anonyme a dit…

Merci pour ces bons souvenirs! Hampi le kif les enormes pierres volcaniques... les temples de partout et des tonnes de touristes trop cools. Mysore, la découverte de l'inde pour moi : ma première destination avec une visite du zoo et un concert de tabla avec des jeunes locaux.
Mon premier buzz était à mammalipuram près de pondichery et j'ai passer une semaine à GOA..... Palolem beach : le pied.
Et vous le savez.

Adri

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