A la conquete du Fansipan (3143m)

Comme nous vous l'avions fait savoir lors de notre precedent post, nous sommes partis de Hanoi en direction du Nord afin de faire un petit trek sur le toit de l'Indochine. Recit.

22h, depart de la gare centrale a destination de Lao Cai. En matiere de tranport ferroviaire, pas de 1ere ou 2nde classes, mais le choix entre des "soft seats" et des "hard seats". En pleine tentative d'immersion, nous avons joue le jeu et choisi la seconde option... qui s'est revelee tres "dure" :-). Plus de 10 heures de trajets sur une banquette en latte de bois faisant un angle de 90 degres entre l'assise et le dossier ! Autant dire que la nuit fut rude et que le sommeil aura ete plus que difficile. En contre-partie, ca aura ete pour nous l'occasion de rencontrer des personnes tres gentilles qui, malgre la barriere de la langue, n'auront pas hesite a nous offrir gateaux, pains au lait et the. Decidemment, les Vietnamiens sont vraiment tres accueillants. La nuit fut donc longue, ou courte, ca depend comment on le prends.

09h, arrivee a Lao Cai, et saut dans un minibus a destination de Sapa.

10h30, debarquement a Sapa, denichage d'une guesthouse voulant bien garder nos affaires (histoire de marcher leger), petit dejeuner (fried rice avec du poulet) achat d d'une carte de la region et direction marche pour remplir nos sacs de nourriture en prevision des 2 jours de marche planifies. Au detour d'une echoppe, vente de chien prealablement debite en morceau, mais pas le temps de s'y attarder, nous regroupons fruits secs (nous ne saurons probablement jamais lequel, peut etre de l'abricot), 3 litres d'eau par personne, des conserves de beans et de porc, des ananas, des bananes, des oranges, du pain, et un coupe-coupe.

12h30, depart du trek. C'est la que tout se complique... Car contrairement aux chemins de randonnee francais, ici bas, pas de marquage sur le chemin (ca les arrange bien, histoire d'obliger les touristes a se payer les services d'un guide). Pas de quoi entamer notre moral, armes de notre "carte", nous entamons l'escalade (car la encore, pas de chemin en lacets, seules des pistes coupant tout droit a travers la foret a destination du sommet).

14h45, premiere pause. L'affaire se corse, plus nous montons, plus le terrain est raide. De l'eau, une banane, et c'est reparti.

16h12, seconde pause. Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour trouver un endroit pour installer le campement. Le chemin, balise par de simple coups de machette sur des troncs, n'est pas si aise a trouver. Le temps commence a nous manquer.

17h50, enfin, nous atteignons une une sorte de clairiere deboisee (certainement par la main humaine), traversee par une riviere. L'endroit ideal pour installer notre campement. Chacun essaie de se trouver un endroit adapter pour y poser son hamac (plus ou moins bien ^^).

18h45, la nuit tombe. Il est temps de faire un point. En toute objectivite, nous sommes encore loin de l'ascension principale, mais notre motivation reste inchangee : nous prolongerons s'il le faut notre periple d'une journee. Dans cette optique, pas d'autre choix que rationner la nourriture (dommage LaBeck, je n'ai vu ton message que bien apres ^^).

20h25, nous preparons donc le diner, a base de beans vietnamien (pas tres bons) et de pain. Quelques sucreries histoire de recuperer des force, et au dodo ; demain sera une longue journee.

04h37, nous sommes frigorifies ! La temperature est tombee durant la nuit. Nos sac de couchage ne suffisent evidemment pas (je dis "nous", mais seul Mathieu aura eu la presence d'esprit d'emporter en Asie son materiel pour expedition polaire). Pas d'autre choix que de rallumer un feu. Je finirai pas m'endormir a meme le sol, non loin de se dernier.

08h56, reveil en sursaut. La nuit derniere ayant ete des plus agitee, nous ne nous sommes pas reveilles aux aurores. Resultat : la journee est bien entamee et l'ascension devra se faire des que possible. Nous nous efforcons de refaire nos paquetages au plus vite, engloutissons un sommaire petit dejeuner (des biscuits et un ananas a 4) et reprenons le chemin laisse la veille.

10h23, le chemin balise n'est plus... Malgre notre volonte d'avancer, nous perdons un precieux temps a retrouver le piste qui se perd au milieu des arbres abattus. Aides de notre "carte" et de la boussole, nous tentons de maintenir notre cap tant bien que mal.

11h14, perdus, nous sommes perdus. Enfin pas totalement! Nous ne savons juste plus ou est le sentier. Il est temps de prendre une decision : suivre le lit de la riviere en contre-bas, qui selon toute vraisemblance devrait nous permettre de recroiser un acces au sommet. Nous devons continuer d'avancer a tout prix.

12h58, le moral remonte. Suivre la riviere s'avere etre une bonne option pour le moment. Notre progression est rapide. En esperant que l'on retrouve un chemin.

13h47, bloques. Nous sommes tout simplement bloques. Arrives dans une gorge, notre avancee s'est trouvee ralentie par l'escalade de certains passages. Nous faisons a present face a une cascade d'une 10aine de metre qu'il nous est impossible de franchir. En revanche, nous pouvons tenter de contourner l'obstacle et d'atteindre la crete. C'est notre dernier espoir si nous voulons gravir le Fansipan : le temps presse et le brouillard qui nous environne a present fait chuter la temperature.

15h16, echec. Apres une longue ascension a travers les bambous, sur une pente particulierement raide, nous devons prendre la terrible decision : abandonner la conquete de ce sommet de l'indochine. Notre progression vers la crete n'est plus possible : l'escalade requise pour y parvenir est trop perilleuse, particulierement depuis que le brouillard, charge d'humidite, a rendu l'ensemble du terrain dangereusement glissant. Il est temps de retourner au camp de base de la nuit precedente.

15h51, arff. La descente n'est pas aussi facile que la montee. Les roches escaladees precedemment avec une relative aisance sont a present aussi derapante que du verglas. Nous devons redoubler de vigilance, malgre la fatigue, pour eviter tout accident.

17h00, ca y est, nous y sommes! Apres plusieures heures de marche parmis les rochers, nous atteignons finalement notre campement de la veille. Nous sommes exctenues, mais pas le temps de nous reposer : il faut collecter du bois et construire un abri pour nous permettre de passer une nuit au sec et au chaud.

18h25, la nuit tombe sur notre campement. Nous sommes plutot fiers de notre construction qui, si elle tient le coup, nous permettra de ne pas finir trempes jusqu'aux os. Heureusement, il semble que le ciel se degage. Le ciel ne devrait pas nous tomber sur la tete. Nous avalons le restant de nos vivres (totalement inadaptes a nos besoins et envies), conservons tout de meme des fruits pour le lendemain, partageons une bouteille de vodka pour nous tenir au chaud et nous affalons sur nos couches.

06h02, reveil au aurores. Mes compagnons sont ecore endormis, emmitoufles dans leurs sacs de couchage. Apparement l'abri aura bien tenu son role : la nuit passee aura ete bien plus reposante que la precedente. En revanche, le sommeil ne remplit pas les estomacs, et une longue journee de marche nous attends.

07h56, paquetage des sacs, et petit dejeuner de fruits frais. Pas de quoi nous rassasier... nous n'avons plus qu'une idee en tete : rebrousser chemin et rejoindre au plus vite la civilisation pour nous sustenter.

08h38, nous avons faillit perdre notre chemin ! Il nous faut redoubler de vigilance malgre fatigue et faim pour ne pas nous perdre...

09h48, premiere pause. La progression aura ete plutot rapide jusqu'a present. Le temps d'avaler les quelques derniers fruits secs et nous repartons, une seule idee en tete : manger. Nous avons bon espoir d'atteindre la ville aux environs de 11h30.

13h59, notre estimation du temps de marche s'est averee plus qu'optimiste... mais nous y sommes arrives ! Nous nous attablons a la premiere echope du marche et commandons au plus vite. Quel plaisir de faire face a un plat chaud ! Mais pas le temps de le contempler : nous nous jetons dessus, le sourire au levre, d'imperissables souvenirs graves dans nos memoires. Je finirai ce periple par ceci : Vive la Noodle Soup au Poulet de Sapa !!